Bonjour à tous,
Je suis surendettée depuis de nombreuses années ET conseiller financier ! C'est un beau paradoxe aux dires de certains. Mais faire partie du « sérail bancaire » ne vous protège en rien des aléas de la vie.
Très tôt, j'ai ressenti ce profond fossé qui se creusait entre moi et mon portemonnaie-
J'ai une chance, je n'ai jamais rechigné à travailler. Tout (ou presque) était bon à prendre.
Mon besoin d'indépendance financière m'a amené à abandonner mes études assez tôt. Mes parents ont réussi à me tenir jusqu'au BAC, mais ensuite ça a été la déblaque. Je m'étais mise en tête de travailler vite. Et c'est ce que j'ai fait. Dans toute cette histoire j'ai eu la chance d'avoir certaines opportunités. Et ma vie professionnelle a commencé dans : une banque. J'ai cru y voir mon Eldorado.
Je travaillais déjà depuis quelques années avec un salaire très bas. Pour ma première installation, je n'avais pas un centime de côté, alors j'ai découvert cette chose fabuleuse : le crédit REVOLVING. C'était magique ce truc-là ! Ne prenant que de petites sommes, j'étais convaincue que tout cela serait remboursé en très peu de temps. Une petite prime ferait l'affaire. Sauf que la petite prime trouvait toujours mieux à faire. Là -dessus, je creusais allégrement mon découvert. On m'a laissé longtemps sans rien dire. Et un beau jour, d'office, la banque a pioché dans une réserve pour combler le trou. Ca m'arrangeait bien à dire vrai. J'ai laissé faire.
Si j'avais pris en main les choses dès cet instant, je n'aurais peut-être jamais connu la suite. Mais j'étais tellement sà»re de moi.
Donc, à 25 ans à peine, j'avais déjà à mon actif (ou passif, à vous de voir), une jolie petite dette. Encore une fois, rien d'irrémédiable.
Je rencontre alors un jeune homme, on tombe amoureux et nous voulons rapidement fonder une famille. Ce qui fà»t fait avec l'arrivée de mon fils. Ma merveille (il faut bien que je m'extasie une seconde).
Le plus bel événement de ma vie et aussi le point de départ d'une descente aux enfers-
Car l'homme de ma vie ne l'était pas pour rien. En plus de réunir nos cÅ“urs, nous marions nos dettes.
Dans cette envolée lyrique, je n'ai plus compté à la dépense. Les saintes réserves et crédits divers étaient là pour combler mes désirs. Mais ne croyez pas que nous sommes partis au bout du monde deux fois par ans, ou que nous vivions dans le luxe. Rien de tout cela. Car très vite, très, très vite, cela a dégénéré. Nous ne pouvions plus rembourser. Mais je vous rassure les maisons de crédits ne nous ont jamais oublié et nous envoyaient des mots doux chaque semaine pour nous dire qu'elles étaient à notre disposition. Pleines d'attention !
Comme presque tous les surendettés, il y a eu un événement qui a tout précipité.
Je voulais plus, et j'ai cru que ma seule motivation pouvait m'ouvrir des portes et des perspectives plus lucratives encore. Alors, j'ai quitté mon boulot pour aller vers de nouveaux horizons. Mais évidement, on ne maitrise pas tout. Et j'ai choisi le pire moment pour le faire. Cela devenait impossible de trouver du travail dans ma branche, alors à défaut de mieux, j'ai trouvé un boulot de vendeuse. Mais bien sà»r, le salaire n'avait rien de comparable.
Mon conjoint travaillait aussi, mais il n'avait pas des revenus conséquents. Et puis, je me suis toujours dit que ce n'était pas forcément au mâle de la famille de tout assumer. Je voulais gérer la situation.
Donc, avec un enfant, des revenus en baisse, nous nous sommes enlisés.
La solution miracle c'est alors présentée : le rachat de crédit ! Quelle invention merveilleuse- si on s'y tient- Parce que, évidement, il faut tout caser sur une durée limitée. Et n'oubliez pas qu'un RAC peut être à taux révisable!!! On se retrouve alors avec des mensualités explosives, qui sans changement drastiques de vos habitudes, sont extrêmement difficiles à tenir. Et puis, vous n'êtes pas interdit bancaires, donc ces fameuses réserves continuent à vous faire de l'Å“il. Il suffit d'un pépin de voiture, une dépense imprévue et c'est reparti pour un tour.
Résultat : en moins de dix ans, nous nous sommes retrouvés endettés de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Et là , pour le coup quand ce sont des euros et pas des francs, la conversion fait un drôle d'effet.
Nous sommes responsables de cette situation, mais comme me l'a dit un jour mon conseiller bancaire « je ne suis pas assistant social » ! Pour ceux qui connaissent cette situation, cela vous rappellera certainement des choses- et ne vous fera pas sourire.
Certes, les banques ne font pas du social mais je parle en connaissance de causes, il y a des moyens, ne serait-ce qu'un dialogue possible pour ne pas envenimer les choses. Pour ma part, je n'ai rencontré de bonnes personnes que trop tard. Le mal était fait. Le découvert avait glissé vers les abysses-
Alors, vient le moment où il faut prendre une décision lourde de sens : on fait appel à la Banque de France. J'ai vraiment cru que ce serait le parcours du combattant. Mais cela m'a été facilité grâce à des rencontres bienveillantes et parce que j'avais la chance de travailler dans le secteur bancaire. Cela m'a permis d'appréhender tout cela avec moins de frayeur. Il y a aussi une chose que je conseille à tout le monde : ne pas faire l'autruche. De toute façon, on viendra vous chercher d'une manière ou d'une autre. Alors il faut prendre les devants, et montrer la plus grande humilité (en gros : il faut charger sur la honte).
La BDF a accepté notre dossier et nous a soumis un plan, que nous ne pouvions de toute façon pas refuser. Nous en étions arrivés aux menaces d'expulsion suite à des retards de loyers.
Mais quel plan ! Dix ans, on en a pris pour dix ans ! Avec un tiers de nos revenus en remboursement. Pourtant, le jour où nous avons reçu le courrier, j'en ai pleuré. Je me suis dit que c'était notre dernière chance de nous en sortir. Qu'il faudrait faire de gros efforts mais que grâce à cela nous pouvions entrevoir un avenir plus serein- dans dix ans.
Même si cela a réglé pas mal de mes angoisses (entre autres celle de nous retrouver à la rue), aujourd'hui je suis obnubilée par mon compte en banque. Je le regarde tous les jours et note tout. Parce qu'à la fin du mois (on peut même dire dès le 15 du mois), il ne reste rien. J'ai tellement peur qu'une échéance ne passe pas- je ne pense qu'à ça.
Malgré tout, cela à changé ma vie, surtout professionnellement. J'ai la chance de travailler dans une entreprise où je peux librement exprimer mon éthique. Je suis incapable de faire du crédit revolving. Et bizarrement, je déteste faire du rachat de crédit (peut être parce qu'au final moins d'un dossier sur 5 est accepté !!!). Mon activité principale est le prêt immobilier et les prêts sociaux (on les connais que trop peu ceux-là ).
De par mon activité, je suis en relation avec des assistantes sociales, des associations d'employés, des RH- Je préfère ne pas faire une vente si je sens un surendettement sous jacent.
Parce que j'ai cette « double compétence », je tente d'aider les gens autour de moi. Je travaille avec plusieurs banques et je connais leurs façons de faire.
Depuis très longtemps je veux aider. Mais il faut du temps. Et malheureusement, dans ma situation, je travaille comme une acharnée pour pouvoir dire un jour : « c'est fini ! ».
Je suis désespérée de voir le nombre grandissant de personnes en difficulté. Pour moi, les solutions apportées par Mme Lagarde entre autre, ne sont que peu de choses. Parce que très souvent on n'a pas le choix.
C'est la première fois que je laisse un message sur ce forum. Et j'ai été très longue (pardonnez-moi). Mais si je peux aider un peu, ce sera avec plaisir.
J'ai quand même une petite question : je souhaite depuis longtemps changer de voie professionnelle. J'aimerais passer un concours mais si je réussis (certes je vais un peu vite en besogne) pendant un an le salaire est de 1500 EUR (sachant qu'avec mon conjoint on a des échéances de 900 EUR pendant encore 8ans et des charges comme tout le monde). Croyez-vous possible de demander une révision du plan pour une année (telle qu'une suspension provisoire) ? Je ne sais vraiment pas si cela est possible.
En tout cas, je souhaite beaucoup de courage à tout le monde. Nous vivons une vraie bataille, une parenthèse plus ou moins longue dans notre vie. Et on se rend compte qu'avec toute la meilleure volonté du monde, nous devons nous en sortir avec les pieds entravés (c'est sà»r, c'est moins facile).
Je suis surendettée depuis de nombreuses années ET conseiller financier ! C'est un beau paradoxe aux dires de certains. Mais faire partie du « sérail bancaire » ne vous protège en rien des aléas de la vie.
Très tôt, j'ai ressenti ce profond fossé qui se creusait entre moi et mon portemonnaie-
J'ai une chance, je n'ai jamais rechigné à travailler. Tout (ou presque) était bon à prendre.
Mon besoin d'indépendance financière m'a amené à abandonner mes études assez tôt. Mes parents ont réussi à me tenir jusqu'au BAC, mais ensuite ça a été la déblaque. Je m'étais mise en tête de travailler vite. Et c'est ce que j'ai fait. Dans toute cette histoire j'ai eu la chance d'avoir certaines opportunités. Et ma vie professionnelle a commencé dans : une banque. J'ai cru y voir mon Eldorado.
Je travaillais déjà depuis quelques années avec un salaire très bas. Pour ma première installation, je n'avais pas un centime de côté, alors j'ai découvert cette chose fabuleuse : le crédit REVOLVING. C'était magique ce truc-là ! Ne prenant que de petites sommes, j'étais convaincue que tout cela serait remboursé en très peu de temps. Une petite prime ferait l'affaire. Sauf que la petite prime trouvait toujours mieux à faire. Là -dessus, je creusais allégrement mon découvert. On m'a laissé longtemps sans rien dire. Et un beau jour, d'office, la banque a pioché dans une réserve pour combler le trou. Ca m'arrangeait bien à dire vrai. J'ai laissé faire.
Si j'avais pris en main les choses dès cet instant, je n'aurais peut-être jamais connu la suite. Mais j'étais tellement sà»re de moi.
Donc, à 25 ans à peine, j'avais déjà à mon actif (ou passif, à vous de voir), une jolie petite dette. Encore une fois, rien d'irrémédiable.
Je rencontre alors un jeune homme, on tombe amoureux et nous voulons rapidement fonder une famille. Ce qui fà»t fait avec l'arrivée de mon fils. Ma merveille (il faut bien que je m'extasie une seconde).
Le plus bel événement de ma vie et aussi le point de départ d'une descente aux enfers-
Car l'homme de ma vie ne l'était pas pour rien. En plus de réunir nos cÅ“urs, nous marions nos dettes.
Dans cette envolée lyrique, je n'ai plus compté à la dépense. Les saintes réserves et crédits divers étaient là pour combler mes désirs. Mais ne croyez pas que nous sommes partis au bout du monde deux fois par ans, ou que nous vivions dans le luxe. Rien de tout cela. Car très vite, très, très vite, cela a dégénéré. Nous ne pouvions plus rembourser. Mais je vous rassure les maisons de crédits ne nous ont jamais oublié et nous envoyaient des mots doux chaque semaine pour nous dire qu'elles étaient à notre disposition. Pleines d'attention !
Comme presque tous les surendettés, il y a eu un événement qui a tout précipité.
Je voulais plus, et j'ai cru que ma seule motivation pouvait m'ouvrir des portes et des perspectives plus lucratives encore. Alors, j'ai quitté mon boulot pour aller vers de nouveaux horizons. Mais évidement, on ne maitrise pas tout. Et j'ai choisi le pire moment pour le faire. Cela devenait impossible de trouver du travail dans ma branche, alors à défaut de mieux, j'ai trouvé un boulot de vendeuse. Mais bien sà»r, le salaire n'avait rien de comparable.
Mon conjoint travaillait aussi, mais il n'avait pas des revenus conséquents. Et puis, je me suis toujours dit que ce n'était pas forcément au mâle de la famille de tout assumer. Je voulais gérer la situation.
Donc, avec un enfant, des revenus en baisse, nous nous sommes enlisés.
La solution miracle c'est alors présentée : le rachat de crédit ! Quelle invention merveilleuse- si on s'y tient- Parce que, évidement, il faut tout caser sur une durée limitée. Et n'oubliez pas qu'un RAC peut être à taux révisable!!! On se retrouve alors avec des mensualités explosives, qui sans changement drastiques de vos habitudes, sont extrêmement difficiles à tenir. Et puis, vous n'êtes pas interdit bancaires, donc ces fameuses réserves continuent à vous faire de l'Å“il. Il suffit d'un pépin de voiture, une dépense imprévue et c'est reparti pour un tour.
Résultat : en moins de dix ans, nous nous sommes retrouvés endettés de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Et là , pour le coup quand ce sont des euros et pas des francs, la conversion fait un drôle d'effet.
Nous sommes responsables de cette situation, mais comme me l'a dit un jour mon conseiller bancaire « je ne suis pas assistant social » ! Pour ceux qui connaissent cette situation, cela vous rappellera certainement des choses- et ne vous fera pas sourire.
Certes, les banques ne font pas du social mais je parle en connaissance de causes, il y a des moyens, ne serait-ce qu'un dialogue possible pour ne pas envenimer les choses. Pour ma part, je n'ai rencontré de bonnes personnes que trop tard. Le mal était fait. Le découvert avait glissé vers les abysses-
Alors, vient le moment où il faut prendre une décision lourde de sens : on fait appel à la Banque de France. J'ai vraiment cru que ce serait le parcours du combattant. Mais cela m'a été facilité grâce à des rencontres bienveillantes et parce que j'avais la chance de travailler dans le secteur bancaire. Cela m'a permis d'appréhender tout cela avec moins de frayeur. Il y a aussi une chose que je conseille à tout le monde : ne pas faire l'autruche. De toute façon, on viendra vous chercher d'une manière ou d'une autre. Alors il faut prendre les devants, et montrer la plus grande humilité (en gros : il faut charger sur la honte).
La BDF a accepté notre dossier et nous a soumis un plan, que nous ne pouvions de toute façon pas refuser. Nous en étions arrivés aux menaces d'expulsion suite à des retards de loyers.
Mais quel plan ! Dix ans, on en a pris pour dix ans ! Avec un tiers de nos revenus en remboursement. Pourtant, le jour où nous avons reçu le courrier, j'en ai pleuré. Je me suis dit que c'était notre dernière chance de nous en sortir. Qu'il faudrait faire de gros efforts mais que grâce à cela nous pouvions entrevoir un avenir plus serein- dans dix ans.
Même si cela a réglé pas mal de mes angoisses (entre autres celle de nous retrouver à la rue), aujourd'hui je suis obnubilée par mon compte en banque. Je le regarde tous les jours et note tout. Parce qu'à la fin du mois (on peut même dire dès le 15 du mois), il ne reste rien. J'ai tellement peur qu'une échéance ne passe pas- je ne pense qu'à ça.
Malgré tout, cela à changé ma vie, surtout professionnellement. J'ai la chance de travailler dans une entreprise où je peux librement exprimer mon éthique. Je suis incapable de faire du crédit revolving. Et bizarrement, je déteste faire du rachat de crédit (peut être parce qu'au final moins d'un dossier sur 5 est accepté !!!). Mon activité principale est le prêt immobilier et les prêts sociaux (on les connais que trop peu ceux-là ).
De par mon activité, je suis en relation avec des assistantes sociales, des associations d'employés, des RH- Je préfère ne pas faire une vente si je sens un surendettement sous jacent.
Parce que j'ai cette « double compétence », je tente d'aider les gens autour de moi. Je travaille avec plusieurs banques et je connais leurs façons de faire.
Depuis très longtemps je veux aider. Mais il faut du temps. Et malheureusement, dans ma situation, je travaille comme une acharnée pour pouvoir dire un jour : « c'est fini ! ».
Je suis désespérée de voir le nombre grandissant de personnes en difficulté. Pour moi, les solutions apportées par Mme Lagarde entre autre, ne sont que peu de choses. Parce que très souvent on n'a pas le choix.
C'est la première fois que je laisse un message sur ce forum. Et j'ai été très longue (pardonnez-moi). Mais si je peux aider un peu, ce sera avec plaisir.
J'ai quand même une petite question : je souhaite depuis longtemps changer de voie professionnelle. J'aimerais passer un concours mais si je réussis (certes je vais un peu vite en besogne) pendant un an le salaire est de 1500 EUR (sachant qu'avec mon conjoint on a des échéances de 900 EUR pendant encore 8ans et des charges comme tout le monde). Croyez-vous possible de demander une révision du plan pour une année (telle qu'une suspension provisoire) ? Je ne sais vraiment pas si cela est possible.
En tout cas, je souhaite beaucoup de courage à tout le monde. Nous vivons une vraie bataille, une parenthèse plus ou moins longue dans notre vie. Et on se rend compte qu'avec toute la meilleure volonté du monde, nous devons nous en sortir avec les pieds entravés (c'est sà»r, c'est moins facile).